Les chats perchés : Daniel, tu as souhaité
réagir suite à la sortie du dernier bulletin municipal ?
Daniel PLISSON (*) :
J’ai lu attentivement le bulletin municipal qui vient d’être diffusé, et un mot
a attiré mon attention ; c’est le mot « démocratie ». L’expression du peuple à travers un scrutin est
un élément nécessaire à toute démocratie, mais à lui seul, il est loin d’être
suffisant pour garantir un fonctionnement démocratique. Comme le disait Pierre
MENDES-FRANCE : « la démocratie est avant tout un état
d’esprit ».
Les chats perchés : Daniel,
que peux-tu nous dire sur la situation que nous vivons sur St Cirq Lapopie
?
Daniel : Dans le dernier bulletin municipal, devenu en
deux numéros le bulletin d’expression du Maire, Gérard Miquel, Sénateur Maire,
souhaite faire de 2015 une année « d’apaisement » et de « rassemblement »,
après « ce grand moment de démocratie » que fut l’élection
municipale et les « quelques traces »
qu’elle aurait pu laisser. Des traces ? En fait, nous constatons une
grande fracture entre deux conceptions bien distinctes d’une gestion communale,
sur le fond comme sur la forme.
Les chats perchés : Tu ne
sembles pas approuver l’élection de Gérard MIQUEL et de son équipe ?
Daniel : Je la déplore effectivement tout en
respectant sa légalité et le vote de nos concitoyens. A l’époque, la loi
permettait à un parlementaire de se présenter dans toute commune de sa
circonscription. En janvier 2014, cette « drôle de loi » n’a pas été
reconduite par le gouvernement actuel, soutenu par notre Sénateur. Dès 2017,
aucun parlementaire ne pourra cumuler sa fonction avec un mandat de Maire.
Les chats perchés : Mais
alors, pourquoi ressens-tu autant d’amertume ?
Daniel : Si cette élection est « légale »,
elle n’en est pas pour autant « légitime » car la commune n’était pas
confrontée à un quelconque désastre justifiant un appel « au secours »
en direction d’un « homme providentiel ». Elle ne manquait pas de
ressources humaines pour se gérer : 22 candidats de la commune figurant
sur la liste électorale de notre commune, se sont présentés, soit 10% des
inscrits. Beaucoup de communes nous envient …alors pourquoi un 23e qui
habite, vote et acquitte ses impôts sur une commune qui n’est même pas sur
notre canton ?
Les chats perchés : Comment
analyses-tu la candidature de cet « homme providentiel » ?
Daniel : Quand Gérard Miquel décide de se présenter à
St Cirq Lapopie, fort de son titre de Président du Conseil Général, il le fait
dans un grand tapage médiatique. Il déclare sa flamme pour ce beau village et
surprend ainsi tout le landernau politique local. Or, point de plébiscite ni
encore de raz de marée électoral. Pis, au soir du premier tour, le doute
s’installe après sa non-élection.
Depuis cette
annonce, je n’ai toujours pas eu de réponse à cette question : pourquoi
n’avait-il pas attribué la moindre miette d’enveloppe parlementaire dans le
passé, pas plus qu’une écoute bienveillante aux sollicitations de la précédente
municipalité pour faire avancer les dossiers ? Je pense notamment au
dossier Grand Site St Cirq Lapopie – Pech Merle.
Les chats perchés : Gérard
Miquel, lui, parle « d’un grand moment de démocratie » …
Daniel : Peut-on parler de démocratie ? La
campagne électorale se déroule, deux listes sont en présence, les citoyens sont
très sollicités, très « visités », avec un poids argumentaire et
financier très inégal compte-tenu de ce que chaque tête de liste peut apporter
- selon qu’il est simple citoyen ou parlementaire richement doté. Je serais
curieux de savoir si beaucoup de petites communes rurales ont à leur tête un
parlementaire !
Manifestement,
les réunions publiques l’ont prouvé, ce fut une élection « politique »,
nous étions loin du « projet contre projet ». Et n’oublions pas non
plus le climat qui a marqué cette campagne notamment avec des propos injurieux de
la part de personnes dont certaines sensées être tenues au devoir de réserve.
Mais où est la
démocratie dans tout ça ?
Les chats perchés : Pourtant
le scrutin s’est bien déroulé, il n’y a pas eu de contestation …
Daniel : Le scrutin du premier tour a été remarquable,
que ce soit en dehors du bureau de vote (que de poignées de mains !) ou à
l’intérieur (grande agitation autour des isoloirs !) ; et le 2éme
tour, lui, fut très « renversant » : l’élection se transformant en
scrutin de liste où il ne restera aux opposants que le droit de se taire. Cela
s’est très vite vu lors des premières séances du conseil.
Les chats perchés : Pour
conclure notre entretien …
Daniel : En résumé, St Cirq Lapopie, petite commune
rurale de 217 habitants s’est dotée d’une nouvelle équipe municipale très
soudée, presque entièrement dévouée à son Sénateur Maire au pouvoir absolu. N’a-t-il
pas eu l'idée lumineuse de transférer la Mairie à la Fourdonne, idée que
personne sur la commune n'avait imaginée ?
Certains se
réjouiront de tous ces chantiers, en regard des faveurs exceptionnelles
attribuées presque exclusivement au tourisme. D’autres auront le regret d’avoir
dû renoncer à un projet qui leur tenait à cœur, celui de notre profession de foi :
« Un village à vivre » avec une politique municipale axée sur et pour
les citoyens de la commune.
Mais véritablement,
à mes yeux, le mot « démocratie »
n’était pas, et n’est toujours pas d’actualité ! Ceci conforte ma décision d'avoir démissionné
du conseil municipal …
Les chats perchés : Merci
(*)
NDLR : Daniel PLISSON a recueilli dès le premier tour le meilleur
total des deux scrutins avec 114 voix. Réélu facilement avec Pierre Dufour, tête
de liste, ils pouvaient envisager une autre politique, d’autres choix pour les concitoyens
au lendemain du deuxième tour. Ils se plaçaient dans la continuité des mandats
précédents certes, mais avec une équipe désireuse d’apporter des idées
nouvelles.
Propos
recueillis par Charlie-ours.
Bravo Daniel!
RépondreSupprimerMaurice Fraysse
Merci de ce témoignage, édifiant... J'avais déjà évoqué dans un autre commentaire la subtile différence entre "légal" et "légitime".
RépondreSupprimerQuand on dérange (détruit ?) son environnement, le chat commence par un coup de patte. Quand, excédé, il a sorti les griffes, il n'est pas exclu qu'il morde.
Avant d'aller voir ailleurs !